13 mai 2022

Enquête GROP – 52,6% des Québécois pour la souveraineté-association, 40,5% pour l’indépendance pure et simple

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Le Groupe de recherche sur l’opinion publique (GROP), animé par le sociologue Pierre-Alain Cotnoir, vient de faire paraître une importante étude sur l’état d’esprit des Québécois et Québécoises sur la question nationale. Cette étude fait notamment écho à une enquête qualitative des chercheurs Marie-Michèle Sauvageau et Alexis Hieu Truong, publiée en 2019 par notre Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI).

Dans un contexte d’hibernation du débat sur le statut politique et constitutionnel du Québec ces dernières années, les résultats de ce coup de sonde sont parlants, en ce qu’ils dénotent un appétit persistant, au sein de la population québécoise, pour un changement politique en profondeur.

Rappelons qu’un an avant le référendum de 1995, l’appui à la souveraineté (question « dure ») se situait à 35,4% (Léger, novembre 1994). Or, 27 ans plus tard, en 2022, cet appui s’élève à 40,5% (« que le Québec devienne un pays indépendant »), toujours selon la firme Léger qui a collaboré aux travaux du GROP. En outre, l’option de la souveraineté-association (« que le Québec devienne un État souverain associé économiquement avec le reste du Canada »), que chérissait René Lévesque, recueille la faveur d’une majorité de répondants (52,6%), atteignant 60,5% chez les francophones. L’étude relève plusieurs reculs et fluctuations de cet appui au fil du temps, mais dans le contexte politique actuel, au sortir d’une pandémie éprouvante, ces chiffres n’en sont pas moins significatifs.

Faits saillants :

  • 40,5% des répondants se déclarent favorables à l’indépendance du Québec. 48,6 % chez les francophones ;
  • 52,6% se disent pour la souveraineté-association. 60,5% chez les francophones ;
  • 61,9% appuient l’idée d’un statut particulier pour le Québec. 68% chez les francophones ;
  • Selon les résultats de l’enquête, les moins de 25 ans s’affichent comme de tendance souverainiste, alors que les répondants de 25 à 54 ans se révèlent plutôt de tendance fédéraliste. Toutefois, chez seuls francophones de ce groupe d’âge, le portrait est plus nuancé, allant de très faiblement souverainiste pour les 25 à 34 et croissant chez les 35 à 44 ans, puis encore un peu plus chez les 45 à 54 ans. Enfin, les 55 ans et plus présentent une forte tendance souverainiste. L’étude présente également les résultats du coup de sonde en fonction du lieu de résidence des répondants et de leur situation économique.
  • Par ailleurs, 51,2% des souverainistes considèrent qu’il serait possible de réformer le fédéralisme canadien, cette proportion passant à 68,5% chez les centristes et à 54,3% chez les fédéralistes ;
  • La reconnaissance du droit du Québec à faire sécession du Canada est partagée par 99,6% des souverainistes, 82,9% des centristes et à peine 9,4% des fédéralistes ;
  • La confiance dans la capacité du Québec d’être un pays souverain rejoint 99,6% des souverainistes, 67,9% des centristes et 6,3% des fédéralistes ;
  • 95,1% des souverainistes jugent la souveraineté faisable, cette proportion étant de 49,7% chez les centristes et de seulement 2,3% chez les fédéralistes ;
  • En ce qui concerne le sentiment d’appartenance nationale, l’étude relève que si la majorité des jeunes se définissent en tant que québécois et québécoises, ceux-ci manifestent toutefois un attachement identitaire plus faible que leurs aînés envers le Québec, et se montrent plus individualistes et pragmatiques que ces derniers. Chez les francophones, trois groupes d’âge se distinguent : 1) les 55 ans et plus, majoritairement souverainistes, affichant un fort sentiment identitaire québécois de nature symbolique ou normative et présentant des traits collectivistes ; 2) les 35 à 54 ans qui, au sein de la catégorie plus large des moins de 55 ans, se révèlent les plus enclins à appuyer le camp fédéraliste ; 3) les moins de 35 ans, qui forment un fort contingent de centristes. [Étude Cotnoir, p. 3]

En outre, l’étude suit l’évolution dans le temps de l’opinion publique sur la question nationale au Québec, à remonter à 1992. L’auteur écrit :

Ces résultats doivent être mis en perspective avec leurs évolutions au fil des décennies […]. On y observe deux phénomènes : le premier, c’est que les options les plus populaires demeurent la souveraineté-association et le statut particulier, ce dernier l’emportant le plus souvent lorsqu’on considère l’ensemble des répondants, alors que chez les seuls francophones la souveraineté-association, qui en 1992 était la plus populaire avec 72%, voit son soutien diminuer progressivement pour n’atteindre que 60% en 2022. Toutefois, le statut particulier croît en faveur auprès des répondants francophones passant de 63% en 2002 à 68% vingt ans plus tard. Le deuxième phénomène concerne la progression continue, depuis près de 30 ans, du statu quo qui passe d’un faible 19% d’opinions favorables en 1993 à 65% en 2022. Cette croissance est également très visible chez les seuls francophones, la croissance partant d’un 17% en 1993 pour se rendre à 58% en 2022. [Étude Cotnoir, p. 159]

Enfin, une partie substantielle de l’étude est consacrée à l’analyse croisée des données récoltées au fil de l’enquête, au moyen de différentes échelles ou clés d’interprétation scientifiques, toutes très éclairantes. Entre autres, l’échelle de Triandis permet de dégager la dimension « collectiviste » ou « individualiste » associée aux profils des répondants. Celle de Phinney permet de mesurer, d’une part, la « prégnance du sentiment identitaire » des répondants et, d’autre part, leur « perception de l’estime que les autres groupes portent envers le groupe auquel eux-mêmes s’identifient ». Celle de Katz et Kahn dont les trois dimensions – « symbolique, normative ou fonctionnelle » – donnent à comprendre les facteurs d’adhésion des répondants à leur groupe d’appartenance

Pour consulter le texte intégral de l’étude du GROP, cliquez ici.

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