Rencontre avec Ferran Civit, député du Grup Parlamentari Junts pel Si | Jour 3
Voici le compte-rendu de la rencontre que nous avons eu avec Ferran Civit i Marti, député du Groupe Parlementaire Ensemble pour le Oui (Grup Parlamentari Junts pel Si) :
Mentionnons d’abord que Geneviève Baril a eu la chance de rencontrer Ferran Civit le 14 octobre dernier à Montréal à l’occasion de la première mondiale du documentaire d’Alexandre Chartrand Le Peuple interdit lors du Festival du Nouveau Cinéma. Ferran Civit est l’un des protagonistes de ce documentaire portant sur la consultation « symbolique » tenue le 9 novembre 2014 sur l’avenir politique de la Catalogne.
Comme nous l’écrivions dans notre compte-rendu d’hier, le Tribunal constitutionnel espagnol a jugé inconstitutionnelle la tenue d’une telle consultation et le Gouvernement espagnol a affirmé que les fonctionnaires qui participeraient à l’organisation de celle-ci seraient susceptibles de perdre leur emploi, voire d’être mis en accusation. La consultation « symbolique » s’est tenue malgré tout grâce aux efforts déployés par des organisations de la société civile, et notamment l’Assemblée nationale catalane (ANC) dont Ferran Civit était le secrétaire général. En dépit du fait que 40 % des électeur-trice-s ont voté et que l’option indépendantiste a recueilli plus de 80 % de voix exprimés, le gouvernement espagnol n’a accordé « aucune valeur » à cette consultation.
Ferran Civit fut d’ailleurs le maître d’œuvre des deux plus importantes manifestations en appui à l’indépendance de la Catalogne des dernières années dont : (1) la Voie catalane (Via Catalana) tenue en 2013 où plus de 1,5 million de personnes se sont donnés la main pour créer la chaîne humaine de 400 km qui a traversé la Catalogne du nord au sud et (2) la manifestation du 11 septembre 2014, à l’occasion de la Diada (Fête nationale catalane), qui a réuni près de 1,8 million de personnes pour réclamer le droit de vote sur l’avenir politique de la Catalogne — il s’agit de la fameuse manifestation qui vue du ciel forma un « V » géant pour le V de Vote.
La rencontre avec Ferran Civit a débuté avec une visite du Parlement de Catalogne (Catalunya). Celui-ci compte 135 député-e-s. Après l’élection du 27 septembre 2015, la répartition des sièges est la suivante :
• 62 député-e-s : Ensemble pour le Oui (Junts tel Si)
• 25 député-e-s : Citoyens — Parti de la Citoyenneté (Ciudadanos)
• 16 député-e-s : Parti des socialistes de Catalogne (PSC)
• 11 député-e-s : Catalogne oui c’est possible (Catalunya Sí que es Pot)
• 11 député-e-s : Parti populaire catalan (Partit Popular Català)
• 10 député-e-s : Candidature d’Unité populaire (Candidatura d’unitas Popular)
Avec 62 député-e-s, le Groupe Parlementaire Ensemble pour le Oui représente le plus grand nombre d’élu-e-s. Ne disposant pas de la majorité des sièges, il peut néanmoins compter sur le soutien du parti d’extrême gauche indépendantiste Candidature d’unité populaire (CUP). Issue de la coalition Ensemble pour le Oui, la présidente du Parlement de Catalogne est Carme Forcadell que nous allons d’ailleurs rencontrer demain.
Ferran Civit est député au sein du Groupe parlementaire Ensemble pour le Oui. Le groupe parlementaire auquel il appartient a été créé à la suite de la consultation « symbolique » du 9 novembre 2014. Les principales forces indépendantistes catalanes autant issues de la société civile (ANC et Ominium Cultural) que des partis politiques (Convergence démocratique de Catalogne — devenue en juillet 2016, Partit Democrat Europeu Catala — et Gauche républicaine de Catalogne) ont alors décidé de se coaliser et de présenter une liste commune de candidat-e-s à l’élection du 26 octobre 2015.
Les principaux arguments évoqués par Ferran Civit pour promouvoir l’indépendance de la Catalogne sont de nature démocratique. Le député Civit nous a expliqué que le régime démocratique espagnol a plutôt été l’exception que la règle. Le régime politique espagnol a plutôt été de type dictatorial : la plus récente période et la plus connue est sans nul doute celle correspondant à l’État franquiste de 1939 à 1975. Un régime politique dictatorial qui a perduré jusqu’à une époque récente laisse inévitablement des traces. Pour Ferran Civit, l’indépendance de la Catalogne vise trois grands objectifs : 1) permettre aux Catalan-ne-s d’être libres et d’être en mesure de décider de leur avenir politique ; 2) permettre aux Catalan-ne-s de créer une meilleure démocratie ; et 3) favoriser chez les Espagnol-e-s une réflexion quant à leur avenir et leur système politique en vue de l’améliorer, de le rendre plus démocratique.