Étude n° 3 : Les jeunes et l’indépendance

Étude n° 3 : Les jeunes et l’indépendance

Réalisé par les chercheurs Marie-Michèle Sauvageau et Alexis Hieu Truong, cette étude vise à répondre à la question suivante : quel rapport les jeunes Québécois et Québécoises âgés de 18 à 35 ans entretiennent-ils avec l’indépendance du Québec ? D’après la littérature sur le sujet, les jeunes adultes auraient manifesté un appui plutôt fort et constant au projet d’indépendance du Québec, et ce, depuis ses balbutiements dans les années 1960 jusqu’à tout récemment. Or, différents sondages réalisés depuis 2009 semblent montrer un désintéressement des jeunes Québécois à l’égard de ce projet. Peu de recherches ont toutefois été produites pour comprendre la manière dont s’articule ce rapport et la signification de ces transformations pour ces jeunes.

La construction du rapport des jeunes à l’indépendance du Québec est comprise comme un processus social. Ainsi, pour mieux saisir cette transformation apparente du rapport des jeunes à ce projet collectif, nous avons mené des entretiens semi-dirigés auprès de 25 jeunes Québécois et Québécoises âgés de 18 à 35 ans. Cette étude constitue une recherche exploratoire. Le choix de réaliser un nombre restreint d’entretiens s’explique par une volonté d’aller plus en profondeur en prenant le temps de discuter avec chaque participant et participante. Nous voulions comprendre comment la position des jeunes face à l’indépendance du Québec s’était construite au fil du temps et quel sens l’indépendance avait pour ces jeunes adultes. En vue de valider les résultats obtenus lors des entretiens, la firme Léger a été mandatée pour mener quatre groupes de discussion. Les thèmes identifiés à travers nos analyses ont ainsi été testés auprès de nouveaux groupes de jeunes en provenance de Drummondville et de Montréal.

Les résultats de l’analyse laissent présager un sentiment d’inconfort chez les jeunes rencontrés vis-à-vis du projet d’indépendance du Québec, et ce, peu importe leur préférence politique, leur âge ou leur région de résidence. Trois hypothèses principales peuvent être formulées en vue de mieux comprendre ce rapport. D’abord, nous explorons dans notre texte la question de l’identification, en particulier les rapports identitaires que les jeunes ayant participé à cette étude entretiennent à l’égard du Québec et du Canada. Puis, nous montrons comment ces jeunes sont influencés par le discours et la pédagogie souverainistes (et fédéralistes), la plupart se disant désireux d’obtenir des faits et des d’arguments concrets pour comprendre et évaluer les implications du projet d’indépendance. Finalement, nous notons l’expression d’une lassitude, d’une fatigue chez les jeunes Québécois et Québécoises rencontrés à l’égard du débat autour de la question nationale et de la façon dont cette question est cadrée dans les discours publics. Puisque cette recherche est exploratoire, ces trois éléments doivent être compris comme des pistes de réflexion pouvant contribuer à orienter des recherches futures.

Cette recherche nous amène entre autres à repenser les catégories d’« indépendantiste » (ou de « souverainiste ») et de « fédéraliste ». En plus de ne pas être perçues comme d’importants référents identitaires par les jeunes, ces catégories ne peuvent plus être directement associées à des identifications fortes à l’égard du Québec ou du Canada. En projetant ces catégories sur les jeunes ou en cadrant le débat dans les termes d’une opposition stricte entre les formes d’identification, nous rendons en partie inaudible la parole des jeunes et entravons l’expression de leurs idées et de leurs questionnements quant à l’indépendance du Québec.

Une limite de cette recherche exploratoire est qu’elle présente un portrait limité de la diversité de la jeunesse québécoise contemporaine. Bien que nous ayons réalisé des entretiens avec des jeunes issus de la plupart des régions du Québec, nous avons rencontré un nombre limité de jeunes issus des minorités ethnoculturelles et des groupes autochtones. De même, il importe de mentionner que toutes les entrevues et les groupes de discussion se sont déroulés en français, bien que certains participants et certaines participantes aient mentionné utiliser davantage l’anglais que le français à la maison et à l’école. Ainsi, les résultats de cette étude ne prennent pas véritablement en compte les particularités de la jeunesse anglophone québécoise. Finalement, une majorité des jeunes que nous avons rencontrés détenaient un diplôme d’études universitaires (ou étudiaient à l’université). Il conviendrait d’étudier plus en détail les expériences des jeunes qui ne possèdent pas de diplôme d’études supérieures.

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Pour consulter l’étude, cliquer sur le lien suivant :

IRAI – Étude N° 3 – Les jeunes et l’indépendance